« C’est un véritable cauchemar, je suis à bout de solutions, » confie Joanna Mege ce mardi 3 juin, en inspectant son domaine. Ce jour-là, elle tombe sur la dépouille d’une de ses brebis, réduite à un crâne et quelques ossements – un spectacle horrifiant pour cette éleveuse de Bessède-de-Sault, qui a repris les rênes de l’exploitation de son père en 2001. « Trois autres étaient tellement blessées que j’ai été contrainte de les euthanasier, » ajoute-t-elle.
Le lendemain, mercredi 4 juin, la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) dépêche des spécialistes de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) pour enquêter. Bien qu’ils n’aient pas confirmé officiellement, ils auraient mentionné à l’éleveuse « qu’une attaque d’ours pourrait être envisagée ». « Ils n’admettront jamais publiquement que c’est l’œuvre d’un ours, » note l’éleveuse, « mais plusieurs indices, comme les côtes brisées, les perforations dans les chairs et les griffures profondes sur les arbres proches, semblent pointer dans cette direction. »
Un drame aux portes du village
« Difficile d’imaginer un loup responsable de tels actes, » dit l’éleveuse, les larmes aux yeux. Son exploitation est située à proximité du village de Bessède-de-Sault, et non dans un lieu isolé en haute montagne. « Nous ne sommes pas en zone d’estive, mais à 800 mètres d’altitude, près des habitations. On parle ici d’une prédation sauvage, ce qui n’est pas un comportement typique des ours. »
Depuis 2007, Joanna a cessé de conduire son troupeau en estive à cause d’un ours « déviant » ayant déjà attaqué à plusieurs reprises. « La dernière année, je n’allais pas vérifier si tout allait bien, mais plutôt pour compter les corps et euthanasier les bêtes gravement blessées. C’était déchirant, mais je devais prendre cette décision. »
Joanna, bien qu’elle ne soit pas totalement contre la présence des ours, a choisi de « faire sa part » en renonçant aux estives et en enclosant ses brebis. Cependant, ni les clôtures électriques, ni ses chiens de garde (deux patous et un kangal) n’ont réussi à tenir à distance le danger.
Une situation aggravée par la FCO
Les complications pourraient s’intensifier : sur les 152 animaux que compte son troupeau, 65 manquent à l’appel. « Elles se sont échappées, prises de panique, d’autres ont sans doute été dévorées, » explique-t-elle. S’ajoutent à cela les agneaux orphelins avant sevrage, ainsi que les 1 à 2 agneaux que les brebis décédées auraient dû porter, sans oublier le stress imposé au troupeau qui pourrait mener à des avortements spontanés… « J’ai déjà été durement frappée par la fièvre catarrhale l’année dernière. Je suis à bout de ressources. Je ne sais plus comment protéger ces moutons que j’ai vu naître. »
Quant aux compensations, elles ne l’intéressent pas. « Nous n’exerçons pas ce métier pour recevoir des indemnisations sur nos animaux morts. Nous voulons travailler en toute intelligence et en sécurité. Si les ours sont protégés et équipés de traceurs GPS, les autorités devraient nous alerter de leur proximité afin que nous puissions prendre les mesures nécessaires. »
La préfecture de l’Aude a simplement confirmé que l’OFB avait été notifiée de l’incident.

Je m’appelle Marie et je suis une rédactrice passionnée faisant partie de l’équipe de Guineetime. Avec mon expertise dans les actualités people, je suis là pour vous faire vivre les dernières rumeurs et potins croustillants.
