Démission du Gouvernement : les conséquences financières et économiques

Crise au sommet : Impact économique suite à la démission du Gouvernement !

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Le lundi 6 octobre 2025 a marqué le début d’un épisode politique qui a mis en lumière un principe bien connu des marchés financiers : l’augmentation de l’incertitude institutionnelle entraîne une hausse des primes de risque et un durcissement des conditions de financement.

Initialement financier, le choc se manifeste immédiatement sur les obligations d’État et sur la valeur de l’euro. Les répercussions s’étendent ensuite, via des voies bien définies, aux taux d’intérêt bancaires, aux investissements des entreprises et, plus globalement, à l’évolution du PIB. L’instabilité gouvernementale, qui dépasse largement les portes du Salon doré et les couloirs de Matignon, affecte l’ensemble de l’économie.

Montée des taux souverains en France (et ses raisons)

Peu après l’annonce de la démission de Sébastien Lecornu, Premier ministre « éphémère », les investisseurs ont exigé une compensation plus élevée pour détenir de la dette française.

Le taux de rendement des obligations d’État françaises à 10 ans a atteint environ 3,60 %, avec un écart (ou spread) par rapport à l’Allemagne atteignant son plus haut niveau depuis fin 2024. Ce spread illustre la prime de risque spécifique à la France et agit comme un baromètre immédiat de la méfiance. Cette tension prolonge une période déjà difficile depuis la dégradation de la note souveraine de la France à la mi-septembre, qui avait rapproché ses taux de ceux de l’Italie. Elle survient également dans un contexte international où la distinction entre les signatures publiques fortement endettées s’est accentuée en 2025, rendant la France plus vulnérable aux fluctuations du marché.

Raisons de la hausse des taux

Pourquoi ces taux augmentent-ils ? Le processus est classique.

Premièrement, l’instabilité gouvernementale intensifie l’incertitude budgétaire, compliquant l’établissement de prévisions fiables pour le déficit et la dette. Cette incertitude se répercute immédiatement sur la prime de risque que les investisseurs imposent, par crainte d’un non-remboursement. Deuxièmement, une révision récente de la qualité de crédit du pays par une grande agence confirme ce diagnostic et sert de référence aux gestionnaires de fonds obligataires pour réajuster leurs limites d’exposition. Troisièmement, des dynamiques d’auto-renforcement peuvent émerger : si l’État français emprunte à des coûts plus élevés, il aura plus de difficultés à rembourser, ce qui diminue sa crédibilité et augmente encore ses coûts de financement.

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Implications sur les taux dans l’économie française

Lorsque les taux d’intérêt gouvernementaux augmentent, c’est toute la structure de référence économique qui se déplace.

Les banques se refinancent à des coûts plus élevés sur les marchés et répercutent progressivement ces coûts sur les entreprises et les particuliers, à travers les taux des nouveaux prêts. Cette transmission n’est ni instantanée ni totale : elle dépend de la structure de financement des banques, de la concurrence sur le marché et des règlements en vigueur.

En 2025, les données monétaires indiquaient une stabilisation des taux des nouveaux prêts immobiliers légèrement au-dessus de 3 %, et des prêts à la consommation autour de 6–6,5 %. Un épisode de tension sur la dette souveraine pourrait rompre cette stabilité, poussant les prêteurs à restreindre l’accès au crédit, surtout pour les profils considérés comme risqués.

Ce lien entre la dette souveraine, les banques et le crédit a deux conséquences macroéconomiques directes. D’une part, il affecte l’investissement des entreprises, particulièrement dans les secteurs qui nécessitent beaucoup de capital et dépendent du financement bancaire. D’autre part, il freine la reprise du marché immobilier résidentiel, où la demande est sensible aux taux d’intérêt.

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Conséquences à long terme de l’instabilité politique sur la croissance

Au-delà de l’impact immédiat sur les taux, que nous apprend la recherche sur la croissance ?

Des études fondamentales montrent un lien solide entre instabilité politique et ralentissement de la croissance du PIB par habitant. L’idée est simple : en présence d’une forte probabilité de changement de gouvernement, les acteurs économiques diffèrent des décisions irréversibles, réduisant ainsi l’investissement productif et affectant la productivité par une moindre redistribution des ressources (par exemple, l’émergence d’entreprises plus efficaces ou innovantes est entravée).

Plus généralement, les chocs d’incertitude identifiés par la macroéconomie entraînent des baisses rapides mais significatives de l’activité et de l’emploi, via un « effet de pause » sur les embauches et les projets d’expansion.

Appliqué à la France, un état prolongé d’instabilité institutionnelle pourrait agir comme un frein permanent sur le PIB.

Sur le long terme, les mécanismes décrits ci-dessus, combinés à la faible marge de manœuvre budgétaire, pèsent sur la capacité de l’économie à absorber les chocs et à soutenir la demande sans détériorer davantage les finances publiques.

Toutefois, l’Histoire récente nous rappelle que ces effets ne sont pas inévitables : une clarification rapide des cadres budgétaire et institutionnel peut réduire les primes de risque, stimuler l’investissement et limiter les pertes de production par rapport à un scénario de persistante incertitude. En d’autres termes, il est parfois préférable de choisir une direction (même mauvaise) plutôt que de rester immobile.

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