Dépenses publiques et climat : Réduire nos émissions en les délocalisant ?

Cet essai propose une analyse approfondie des dépenses publiques avec une perspective qui englobe les questions sociales, territoriales, souveraines, environnementales et économiques. Il fournit une compréhension complète du sujet, appuyée par des données et des graphiques illustratifs.

L’approche de l’essai sur les questions économiques et les positions adoptées reflètent les opinions personnelles de l’auteur, et non celles de La Finance Pour Tous, qui sert de plateforme pour diffuser cette recherche détaillée et bien documentée.

Les défis des dépenses publiques : sommes-nous simplement en train d’exporter nos émissions ?

Malgré une baisse des émissions internes en France, l’empreinte carbone totale du pays demeure alarmante. En 2021, les émissions provenant des importations constituaient 55 % de l’empreinte carbone totale de la France. Le transfert de production vers des pays à empreinte carbone plus élevée complique la réduction effective des émissions au niveau national. De surcroît, la culture du gaspillage continue de poser un problème majeur.

Par ailleurs, les diverses crises environnementales impactent directement la production alimentaire, rendant précaire l’approvisionnement en certaines ressources vitales. Le changement climatique, associé à la diminution des populations d’insectes pollinisateurs, menace la production de fruits, légumes et autres cultures dépendantes de la pollinisation. La disparition progressive des abeilles, avec une réduction significative de leur population en dix ans, pourrait provoquer une chute considérable des rendements agricoles. Simultanément, l’augmentation des températures et la fréquence accrue des sécheresses affectent la production de céréales, notamment de blé, diminuant les stocks et causant une instabilité des prix (+38 % entre février et avril 2022). Devant ces défis, la France devient de plus en plus dépendante des importations alimentaires, ce qui aggrave son empreinte carbone.

Ces problématiques sont d’autant plus inquiétantes que les risques climatiques continuent de s’accentuer. Le pays connaît une hausse de la fréquence et de l’intensité des catastrophes naturelles. En 2022, les canicules, sécheresses et inondations ont causé des dommages estimés à 10 milliards d’euros, touchant les infrastructures, les cultures et les logements. Si ces phénomènes persistent, les coûts économiques et sociaux du changement climatique pourraient exploser dans les années à venir. L’État doit intensifier ses efforts d’adaptation et augmenter les investissements pour renforcer la résilience des territoires. Cependant, les dépenses publiques actuelles pour atténuer les effets climatiques sont insuffisantes, et l’absence d’une stratégie globale à long terme pourrait compromettre la capacité des générations futures à répondre aux défis environnementaux.

Dans ce cadre, il est crucial de repenser le modèle économique et écologique français. Une simple réduction des émissions de gaz à effet de serre sur notre territoire ne sera pas suffisante si elle est accompagnée d’une externalisation massive des impacts environnementaux vers d’autres continents. La transition vers un modèle durable doit s’appuyer sur une transformation structurelle de la consommation et de la production, favorisant des pratiques plus respectueuses des ressources naturelles.

Cela nécessite une relocalisation de certaines industries stratégiques, une accélération des investissements dans les énergies renouvelables et une modification profonde des comportements individuels.

Le futur dépendra de notre capacité collective à intégrer ces enjeux dans les décisions économiques et politiques, pour garantir un développement durable et résilient pour les prochaines générations.