Ce jeudi, lors des assises du tribunal de Foix, le frère de Jean-Louis R., accusé d’avoir assassiné Julien*, a témoigné, tout comme la sœur de la victime. Jean-Louis R. est accusé d’avoir tué Julien à l’aide d’une pierre pesant plus de 6 kg, dans l’abri du préau du magasin Biocoop à Saint-Girons, où les deux hommes sans domicile fixe s’étaient réfugiés durant la nuit du 24 au 25 octobre 2022. Les témoignages ont mis en lumière des vies marquées par la dérive et l’errance, qui les ont finalement menés à Saint-Girons, où ils se sont rencontrés deux semaines seulement avant le tragique événement.
Le deuxième jour du procès a commencé avec le témoignage de l’expert médical qui a réalisé l’autopsie de la victime. La victime présentait une fracture de la base du crâne, de gauche à droite, indiquant un « traumatisme significatif ». Un fragment d’os était encastré de 5 cm dans le crâne. L’expert a également noté une hémorragie cérébrale et a souligné que « toute variation de volume dans le crâne entraîne une souffrance du cerveau ». Le côté gauche du visage montrait plusieurs plaies, allant de 0,5 à 4 cm, et l’oreille était « écrasée et déchirée ». Il a confirmé que la cause du décès était un grave traumatisme crânien.
Supposant que Julien était endormi dans son sac de couchage au moment de l’attaque, le médecin légiste a émis l’hypothèse qu’il n’aurait pas souffert, bien qu’il soit impossible d’en être certain.
« Des séquelles de son service militaire »
Stéphane*, frère de l’accusé, a été appelé à la barre. En entrant dans la salle, il a échangé un regard complice avec Jean-Louis R., qui a souri pour la première fois en deux jours de procès. Les deux frères ne s’étaient pas vus depuis leur dernière réunion familiale en 2012.
« Il y a eu un moment où nous pensions qu’il était mort, nous n’avions plus de nouvelles. Il avait choisi de vivre isolé dans la nature », a expliqué le témoin, qui communiquait avec son frère par lettres, que la famille envoyait avec des colis de nourriture. Bien qu’il se soit éloigné de sa famille, au point de ne pas être informé de la mort de ses parents, il restait attaché à elle, comme l’a rapporté un employé de bureau de poste : « Il était affamé mais ne se précipitait pas sur la nourriture, il lisait d’abord le courrier. Il conservait ce lien d’humanité, ce besoin d’affection. »
« Il a été marqué par ce qu’il a vu à l’armée », a-t-il dit à propos des cinq années de Jean-Louis à la Légion étrangère, sans entrer dans les détails. Mais à 35 ans, Jean-Louis a subi un « traumatisme énorme », selon Stéphane, bien que son récit reste vague.
Le 16 février 1999, les deux frères étaient dans leur maison familiale. Stéphane était à l’étage et a entendu des cris. En regardant par la fenêtre, il a vu son frère poursuivi par un voisin armé d’une fourche. Stéphane est intervenu avec son arme pour calmer la situation, mais face à l’escalade de la violence, il a tiré dans la foule, tuant deux voisins et en blessant un troisième. Il a été condamné à dix ans de prison ferme et a ensuite bénéficié d’une libération conditionnelle.
« Apaisé d’avoir ôté la vie à un humain »
À sa libération en 2009, Jean-Louis avait déjà commencé sa vie d’errance. Ses troubles du comportement ont commencé en 2006, selon une psychologue qui a rapporté ses propos : « il hurlait sur des gens dans la rue. » Son emploi du terme « humain » pour désigner les autres montre son désir de se distancer de la société. Il avait eu plusieurs épisodes agressifs nécessitant des hospitalisations. Pour la psychologue, cela indique un mécanisme de défense psychotique : il projetait sur autrui ses propres pensées et pulsions agressives.
L’homme souffrait de schizophrénie paranoïaque depuis 17 ans. Son traitement, l’Haldol, un antipsychotique, atténuait ses délires. Cependant, le matin du meurtre, il n’avait pas assisté à son rendez-vous médical, ce qui, selon l’expert psychiatre, pourrait « expliquer une augmentation de l’agressivité » ce soir-là. L’expert a noté des « traits sociopathiques » dus à une schizophrénie déficitaire, qui rendait Jean-Louis plus agressif. « D’habitude, ses troubles comportementaux étaient rapidement et régulièrement pris en charge, ce qui a manqué en octobre », a-t-il ajouté.
Lors de son entretien avec la psychologue, l’accusé n’a montré ni empathie ni compassion. Parlant de la soirée du 24 octobre 2022, il s’est montré distant et froid, se disant « apaisé d’avoir ôté la vie à un humain », même s’il regrettait d’être emprisonné et de ne plus pouvoir faire de randonnées, et reconnaissait avoir été « lâche » en tuant Julien pendant son sommeil.

Je m’appelle Marie et je suis une rédactrice passionnée faisant partie de l’équipe de Guineetime. Avec mon expertise dans les actualités people, je suis là pour vous faire vivre les dernières rumeurs et potins croustillants.
