Qualifié d’« exceptionnel pour une juridiction telle que celle de Narbonne » par le ministère public et de « dossier colossal » par les avocats de la défense, un cas particulièrement complexe a été examiné le lundi 23 juin par le tribunal correctionnel de Narbonne. L’audience, qui a duré plus de huit heures, s’est tenue dans une salle comble, particulièrement surchauffée en raison d’un système de climatisation déficient. L’attention du public s’est quelque peu dispersée vers la fin, juste avant que le verdict ne soit prononcé aux alentours de 22 heures.
Ce jour-là, six accusés comparaissaient devant le tribunal, cinq d’entre eux menottés. Un seul était libre. Ils étaient poursuivis pour de multiples infractions, incluant des vols en bande organisée, des ruses et des recels, totalisant trente-quatre chefs d’accusation. Les préjudices s’élevaient à 155 000 euros, sans compter les 42 000 euros d’objets récupérés dans les départements de l’Aude, de l’Hérault et des Pyrénées-Orientales. Les faits se sont déroulés entre octobre 2024 et le 5 mai 2025 à Montady, Cuxac, Coursan, Sallèles, Colombiers, Villedaigne, impliquant notamment des vols de voitures, de motos, d’outils et de quads. L’enquête a nécessité des moyens considérables, incluant la géolocalisation en temps réel, des écoutes téléphoniques intensives, des filatures et des analyses vidéo, ainsi que l’utilisation de traceurs pour identifier d’autres vols.
Les premières enquêtes, menées par les gendarmeries de l’Aude et de l’Hérault, ont révélé une série de vols récurrents de véhicules attribués à des membres d’une même famille, nuisant à la fois à des particuliers et à des professionnels. Le 18 décembre 2024, l’affaire a pris un tournant décisif lorsqu’une voiture transportant un couple a été stoppée grâce à une herse déployée par les gendarmes, crevant les pneus du véhicule. Les suspects ont tenté de s’échapper mais ont finalement été appréhendés grâce à des traces ADN. Ils ont été arrêtés le 5 mai 2025. L’homme, considéré comme le cerveau des opérations, s’était évadé de la prison de Perpignan. Il était accompagné de sa compagne, de trois de ses neveux, d’un cousin et d’une autre personne, avec un casier judiciaire bien rempli.
Lorsque le président du tribunal a interrogé l’accusée, seule femme parmi les prévenus, sur sa présence récurrente près des lieux des vols sans jamais être dans un véhicule volé, elle a prétendu se prostituer, ajoutant que sa famille l’accompagnait pour la protéger, une explication qui a laissé le tribunal dubitatif.
Le procureur, dans son réquisitoire, a souligné la gravité et la préméditation des vols, mentionnant des dégradations de propriétés et des intrusions dans des résidences privées et des commerces. Il a décrit les vols comme étant extrêmement organisés, souvent exécutés en convoi avec des véhicules spécialement désignés pour l’opération. Il a également révélé que le commanditaire principal n’avait jamais retourné en prison après une permission de sortie.
À l’issue des plaidoiries, le procureur a requis des peines sévères pour les membres du réseau : sept ans de prison pour le chef, augmentés de deux années en raison de son évasion, trois ans pour sa compagne, et des peines variables pour les autres membres du groupe. Les avocats de la défense ont demandé des renvois, décrivant l’enquête comme bâclée et le dossier comme confus et insuffisant pour justifier une condamnation.
Après délibération, le tribunal a prononcé ses verdicts vers 22 heures, condamnant le chef du réseau à six ans de prison, sa compagne à trois ans, et les autres membres à des peines allant de dix-huit mois à trente mois de prison, avec maintien en détention pour ceux déjà incarcérés.
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