Le mardi 14 octobre 2025, le cabinet de M. Lecornu a mis en avant, lors d’une réunion du Conseil des ministres, son projet de budget pour l’année 2026. Ce projet, qui sera discuté au Parlement pendant les deux prochains mois, vise principalement à diminuer le déficit public, dans un contexte de tensions politiques exacerbées.
Ce budget prévoit de ramener le déficit à 4,7 % du PIB pour 2026, par rapport à un déficit prévu de 5,4 % pour 2025. Pour y parvenir, une consolidation budgétaire de 30 milliards d’euros est envisagée, mêlant augmentation des recettes et réduction des dépenses, avec un focus sur la remise en ordre des finances sociales. Une menace de motion de censure est également anticipée pour le jeudi 16 octobre.
Maîtrise de l’escalade de la dette publique
Le plan s’appuie sur une amélioration de 0,6 point du solde budgétaire public entre 2025 et 2026. Toutefois, le taux d’endettement public (exprimé en pourcentage du PIB) continuerait d’augmenter, atteignant environ 118 % du PIB. Avec un déficit de 4,7 % et les intérêts de la dette à rembourser, l’endettement de l’État croîtrait plus rapidement que l’économie globale. Le gouvernement prévoit aussi une augmentation des coûts de la dette, de 54 milliards d’euros en 2025 à 60 milliards en 2026, aggravant la pression sur le budget national.
Des initiatives de recettes diversifiées et étendues
Le gouvernement prévoit de générer environ 14 milliards d’euros de recettes additionnelles. Ces recettes proviendraient partiellement de mesures ciblées et d’un élargissement de la base fiscale à travers des dispositifs automatiques. La surtaxe sur les hauts revenus serait maintenue, avec un taux minimal effectif de 20 % pour les personnes seules gagnant plus de 250 000 euros et les couples gagnant plus de 500 000 euros. L’introduction d’une taxe sur les holdings patrimoniales viserait à limiter les stratégies d’optimisation fiscale et pourrait rapporter environ 2,5 milliards.
Notons aussi le gel du barème de l’impôt sur le revenu et de la CSG, qui induirait un effet de progressivité, générant environ 2 milliards supplémentaires. La réduction de 10 % sur les pensions serait remplacée par un abattement forfaitaire de 2 000 euros pour les célibataires, allégeant l’impôt pour certains retraités modestes tout en augmentant celui des pensions plus élevées.
Le plan inclut aussi la suppression de près de 23 niches fiscales et sociales jugées inefficaces, pour un gain estimé à environ 5 milliards, une taxe sur les petits colis importés d’environ 2 euros par article, avec un rendement prévu de 0,5 milliard, et l’élargissement des prélèvements sur les produits à fumer ou à vapoter, avec ou sans nicotine.
Une stratégie de dépenses axée sur le contrôle des volumes
En termes de dépenses, la réduction prévue s’élève à 17 milliards d’euros. La stratégie adoptée vise à limiter les enveloppes budgétaires plutôt qu’à les restructurer en profondeur à court terme. Les prestations sociales et les retraites de base ne seraient pas revalorisées en 2026, rompant avec l’indexation sur l’inflation et réalisant ainsi des économies immédiates. L’Ondam (Objectif national de dépenses d’assurance maladie) augmenterait de 1,6 % pour atteindre 270,4 milliards d’euros, avec des économies ciblées dans le domaine de la santé évaluées à 7,1 milliards. Les salaires des fonctionnaires seraient gelés, avec la suppression nette d’environ 3 000 postes, dont près de 1 700 dans les agences et opérateurs de l’État (qui compte environ 2,54 millions d’agents). La plupart des ministères hors secteur régalien verraient leurs budgets réduits, tandis que le budget de la Défense augmenterait de 6,7 milliards d’euros par rapport à 2025. Le gouvernement prévoit également une rationalisation des entités publiques, en réduisant les doublons, en internalisant certaines fonctions et en diminuant les coûts de fonctionnement. Plusieurs dépenses fiscales spécifiques seraient aussi supprimées, incluant la réduction d’impôt pour frais de scolarité dans le secondaire et le supérieur, ainsi que les avantages sur certains carburants.
Le budget de l’État : un plan destructeur pour certains, insuffisant pour d’autres
Peu de gouvernements auront autant cherché un équilibre précaire à la fois pour se maintenir et réduire le déficit. Toutefois, la pression intense des marchés financiers (et les taux d’intérêt qui en découlent) ne semble pas être négligeable. Reste à voir si ce budget sera caduc dans les jours ou heures à venir. En effet, le cadre proposé ne semble vraiment satisfaire personne. S’il était appliqué, 2026 marquerait un moment de consolidation budgétaire, sans pour autant inverser la tendance de l’endettement. Autrement dit, ce ne serait que le début d’un effort plus soutenu pour réduire le déficit public.

Je suis Aurélie. En tant que membre dynamique de l’équipe Guineetime, je vous guide à travers les évolutions économiques et culturelles. Ma passion pour l’innovation vous aide à anticiper les grands changements.
